Du 15 mars 2022 au 15 juin 2022, l’association Mode d’Emploi accueille l’artiste Sara Ytic en résidence de recherche et de création au sein des pavillons d’octroi de la ville de Tours. Née en 1998, Sara Laville vit et travaille au Mans. Elle est diplômée en 2021 d’un DNSEP de l’ École européenne supérieure d’art de Bretagne de Rennes à la suite duquel elle entreprend un M1 Arts Numérique à l’université de Saint-Étienne.
Enfant du XXIe siècle, Sara Laville est une « digitale native ». Une artiste appartenant à la cohorte de la génération Z, génération hyperconnectée façonnée par la troisième révolution industrielle axée sur le numérique dont elle tire son identité autoproclamée. Une génération qui se construit avec les bouleversements sociétaux d’un monde en perpétuelle mutation et qui se dessine au rythme de l’avènement et du développement des technologies de l’information et des communications, celles qui modifient profondément notre rapport au monde et aux autres. C’est justement sensible aux transformations de ce monde et aux enjeux d’une génération qui évolue aussi bien en ligne qu’IRL que l’artiste développe une pratique qu’elle décrit comme « numérico-romantico-kitsch ». À travers elle, l’artiste nous donne à voir les éléments et les évènements constitutifs d’une génération passée maître dans l’art de composer avec les possibles du numérique et par lesquels elle sonde des origines qu’elle tend à nous révéler.
De cette génération qui fonde dans l’espace virtuel autant d’identités numériques que de plateformes et de réseaux qui le composent née Sara Ytic, alter ego et avatar de l’artiste dont l’image, autant que l’imaginaire qui en découle, tendent à se confondre. Par le truchement du matériau numérique, se dissipe lentement dans son travail de création la frontière entre le réel et le virtuel, entre ses deux entités, l’avatar et l’artiste, qui se recoupent pour ne composer finalement qu’une seule identité, plurielle et multiple à l’image de son travail.
En adoptant une approche transmédia et pluridisciplinaire, l’artiste propose des expériences artistiques immersives à la croisée du digital et des espaces du réel, au sein desquelles la perception entre Sara Laville et Sara Ytic s’entremêle, s’entrecroise pour mieux s’évanouir. Son œuvre pluridisciplinaire se dessine alors à travers la construction d’un vocabulaire issu de références à la pop culture, c’est à travers lui que l’artiste compose une sémantique propre à dévoiler les limites et les enjeux d’un monde qui se déploie aussi bien en ligne qu’en dehors.
En convoquant des pratiques numériques, sonores ou plus traditionnelles comme le papier maché ou la peinture, l’artiste développe une nouvelle narration poétique et sensible du monde et plus particulièrement des mondes digitaux qui coexistent au sein de leurs multiples temporalités. Par le détournement des codes et des usages des pratiques numériques et des technologies, Sara Laville développe une œuvre générative, intemporelle et instantanée qui tend à questionner les effets des technologies, leurs usages sociaux autant que les relations qu’elles induisent et les limites avec entre le monde matériel et fictionnel.
À travers la réalisation de prothèses et d’artefacts « craftés », qui sont autant d’items aux propriétés magiques, l’artiste entreprend à l’image d’une joueuse, une quête identitaire, la sienne, celle du spectateur et au-delà, celle d’une génération tout entière devenue stratège d’autant de masques connectés. Les créations hybrides de l’artiste mêlent alors storytelling, compositions sonores, images vaporeuses qui sont autant d’autoportraits et au sein desquelles se déploient son avatar soumis à d’autres règles que celles du monde physique, où la fiction s’avère moins souveraine qu’elle n’y paraît. À travers ce corps fictionnel que compose l’artiste, le digital, la data, les réseaux deviennent alors autant de terrain de jeu pour le corps plastique, autant d’espaces d’expérimentation et d’extension de soi, à l’image d’une nouvelle prothèse d’existence sociale et artistique.