Au croisement des poussières
« S’exiler c’est abandonner sa terre, laisser un terrain vague qui, dans l’imaginaire littéraire et artistique, est le lieu de la peur et de l’anxiété. La poussière est l’incarnation de l’abandon et de l’absence. Car abandonner sa maison, c’est la laisser en proie à la poussière. De même, elle matérialise l’absence par l’empreinte parfaite d’un objet retiré, ou les traces de pas qui indiquent la direction du départ.
Elle laisse une mémoire qui se forge avec le temps, loin de l’immédiateté du départ.
J’ai découvert qu’au Liban, en septembre 2015, une poussière jaune a recouvert les immeubles et les rues. Cette poussière, venant de Syrie et d’Irak, rejoignait les réfugiés syriens contraints de fuir un pays en ruine, en recouvrant leurs camps de misère dans lesquels ils vivaient. Leur propre poussière les rattrapait, provoquant des dégâts, des problèmes respiratoires et de santé.
Parallèlement, certaines poussières – et notamment celles du Sahara – viennent fertiliser les terres, parcourant parfois près de 5000 Km pour traverser les frontières et venir enrichir les terres amazoniennes et d’Europe du Nord.
Rassemblées sous l’intitulé « Au croisement des poussières», les pièces seront réalisées à L’Octroi avec l’association Mode d’Emploi d’avril à juillet 2018, puis à Alger lors d’une résidence aux Ateliers Sauvage en fin d’année. » Marie Dubois
« Migrer ce n’est pas vivre dans sa propre poussière et c’est avoir la conscience de la poussière des autres et de la poussière du temps. » David Campagny