Entrer la poussière
« Jérémie Bruand explore les formes et les matières dans l’élaboration de protocoles rigoureux. Chacun de ses travaux sont le fruit d’expériences répétitives et d’une observation sensible des réactions qu’il provoque sur des matériaux pauvres et parfois récupérés (papiers fax, papiers abrasifs usagés, briques…).
C’est dans ces actions rationnelles aux processus physiques et mathématiques simples que se composent des oeuvres sérielles. A la fois dans la maîtrise des mécanismes et le désordre accidentel qui en résulte. […] Déplacer les regards, les interroger sur une ouverture, une déchirure, une fragilité précieuse, faire coïncider dans l’action l’ordre et le désordre, exposer dans le facteur inconnu la multiplicité des possibles, voici les tâches auxquels Jérémie Bruand s’adonne dans son travail.
Face à ses oeuvres, chaque spectateur se situe comme témoin. Témoin des instants de sidérations dans lesquels se constitue la poésie des formes. Ces mêmes formes qui amène l’imagination de chacun à parler d’elle-même par analogies, croyances, culture et expériences mais qui ne peuvent en aucun cas être détachées d’un phénomène de cause à effet. Dans la mise en oeuvre rationnelle et formelle de ce qui échappe, dans les trames indissociables du hasard, il invite le spectateur à la contemplation et à la lenteur, à prendre sa place d’observateur, celle qui précède le rôle d’acteur, à expérimenter par l’observation la découverte de formes en perpétuel mouvement. Dans une générosité certaine et non sans un brin de malice, il nous invite à se laisser surprendre par la simplicité des faits et son étrangeté. » J. Verin